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Les caractères d'entreprise, de Lala Schwartz
1 juillet 2009

La vraie Salope de Service.

Madame B. de T. est une grande jument (1) de 33 ans. Son visage est joli. Son nez fin. Sa bouche pincée. Ses sourcils épilés. Son teint brouillé.

Son cou, blanc, surplombe fièrement des seins trop lourds qui défient pourtant sans cesse les lois de l'apesanteur, s'échappant avec une certaine allégresse des soutien gorges pigeonnants qu'elle arbore fièrement à toute époque de l'année.

De longs cheveux noirs et lisses ont longtemps couru le long de son dos (2), mais depuis qu'elle est montée à Paris, elle a opté (3) pour un carré à frange. Il parait que c'est la marque de fabrique d'une petite parisienne lorsqu'elle est brune.(4)

Madame B. de T. est née Mademoiselle D. il y a quelques années déjà, là bas, dans le grand Nord (5). Quoiqu' elle n'évoque jamais ni son enfance, ni sa famille, ses manières indiquent clairement des origines modestes et une histoire familiale somme toute aussi compliquée qu'une autre (6).

La France étant une grande Nation et Mademoiselle D une jeune fille relativement intelligente quoique sérieusement dérangée (7), elle entre, après avoir passé son baccalauréat sans mention spéciale, à la faculté d'histoire de la préfecture la plus proche.

On perd sa trace pendant ces deux années et on la retrouve à 20 ans, solitaire, un peu grasse et toujours étudiante. C'est là qu'un jour où elle traînait à la salle de sport son mal être existentielle, qu'elle rencontre son futur ex mari, un bel antillais très musclé qui dit en la voyant « t'es grosse, c'est sûr, y a du boulot mais t'as un beau potentiel! ».

Visiblement cette phrase (8), qui contient pourtant déjà toute la finesse d'esprit de son compagnon, suffit à faire succomber Mademoiselle D. au charme ravageur de ce grand noir aux traits racés.

Quelques temps passe et constatant de concert leur échec scolaire, le jeune couple se lance dans la vie active de plein pied. Lui, s'engage dans la Brigade Anti Criminalité, par conviction citoyenne (9). Elle, trouve un travail d'opératrice télévente dans un centre d'appel anonyme.

Ils s'installent. Ils se marient. Ils ne font pas d'enfant.

Mademoiselle D est maintemant Madame B. de T. Elle prétend être heureuse et entend le faire savoir à tous ceux qu'elle croise (10). Heureuse, tellement heureuse.

Elle continue pourtant de grossir, elle grossit à vue d'oeil, boulimique esseulée. Elle n'est plus grosse, mais très grosse. Son mari, narcissique et peu enclin à la compassion lui fait souvent remarquer. Il commençe à se lasser tout ce gras adipeux qui enrobent les os de sa femme. Son physique le dégoutent un peu. Il l'encourage vivement à maigrir, à faire du sport, à être ambitieuse.

Une perle rare cette homme, si l'on omet qu'il la trompe depuis leur première rencontre, sans vergogne, multipliant les conquêtes éphémères et les maitresses officielles, l'abandonnant tard le soir pour des prétextes professionnels fallacieux (11).


Au début, aveugler par l'amour et la bêtise, Madame B. de T. finit tout de même par constater douloureusement qu'elle est cocu. Et les scènes, les cris, les pleurs, les menaces n'y changent rien. Elle n'a plus prise sur son mari.

Elle souffre. Elle décide de se venger de ces humiliations constantes et de payer la monnaie de sa pièce à ce salaud.

Elle entre dans une phase maniaque et maigrit spectaculairement. Au travail, on remarque ce changement et certains de ces collègues commencent à flirter avec cette nouvelle version de Madame B de T. Le sexe ne l'intéresse que assez peu, mais son mari lui a appris le pouvoir de ce concept sur les hommes.

Elle en profite, fille facile, fille vulgaire, fille ouverte, fille béante, elle couche avec des collègues et des inconnus. Et quand elle rentre chez elle, elle prend un plaisir malsain à raconter à son mari quand il est là, les détails glauques de ces aventures sexuelles.

Pragmatique elle fait bon usage de son nouveau pouvoir et bientôt son parcours professionnel devient une ode à ses partenaires: chaque nouveau poste, chaque nouvel entreprise, chaque augmentation de salaire, cache sa forêt d'hommes et d'histoires sans lendemain.

Son mari, las, a depuis longtemps abandonné la couche maritale. Et alors qu'il n'a jamais voulu d'enfant, elle découvre, un jour, au détour d'une conversation, qu'il est amoureux, amoureux follement, d'une jeune maman excentrique et légère qu'elle déteste aussitôt.

Elle veut alors reprendre son couple en main, ou du moins ce qu'il en reste et après quelques scènes d'hystérie et un chantage au suicide, elle réussit un soir à faire céder son mari: il couche avec elle.

Madame B. de T. tire un certain plaisir glauque de cette situation, elle n'est plus seule à souffrir. Elle tente tant bien que mal de renouveler l'expérience mais cette fois c'est inévitable: son mari la quitte définitivement après cette nuit fatidique.

L'égo en miettes, Madame B de T est à nouveau prise de boulimie sexuelle. Elle doit se répandre, séduire, se faire prendre, il faut qu'on la trouve belle, attirante. Elle multiplie les histoires de cul toutes plus sordides les unes que les autres. Au travail, elle continue de sadiser les employés et elle fait la cours à l'élite dirigeante (12).

Elle porte toujours des jupes très courtes, des bottes très hautes et des décolletés profonds.

Bientôt un directeur de service imbécile qui a été séduit lors d'un salon professionnel, lui propose un poste à paris. Madame B de T accepte et déménage. La capitale lui fait un peu peur (13),  elle préfère s'installer dans un appartement de standing en banlieue (14).

La vie continue son cours. Madame B. de T ne change en rien sa stratégie de carrière: elle ne branle rien, mais elle socialise vite avec les membres du comité de direction. Elle abandonne souvent son poste pour parader dans les couloirs de l'entreprise, s'agiter en pause clope, discuter en riant très fort à la machine à café. Elle est littéralement payée à rien foutre. Son directeur, incompétent et lâche n'a plus aucune autorité sur elle et commence même à craindre qu'elle ait l'oreille de son P.D.G. Il finit d'ailleurs par se faire virer. (15)

Madame B. de T en mouille sa petite culotte lorsqu'elle apprend la nouvelle. On va lui proposer le poste, c'est certain . Mais les mois passent et c'est un nouveau directeur arrive. Elle a la rage, mais elle ravale sa fierté.

Son nouveau chef, hyper actif, s'aperçoit très rapidement qu'elle brasse habilement le vent, qu'elle est complètement hystérique et que si dans l'entreprise on l'apprécie, dans son service on la déteste cordialement.

Pratique, il choisit alors d'aborder le sujet avec elle. Madame B de T comprend alors qu'il lui faut dévoiler sa botte secrète (16) et voilà qu'avant même qu'il ait pu poser une question, elle éclate en sanglot prétendant qu'elle est en dépression depuis quelques mois, depuis qu'elle a failli être victime d'une agression sexuelle (17).

Coup de théâtre!

Le directeur en reste pantois. Il se dit qu'à ce stade mieux vaut l'envoyer aux ressources humaines, après tout c'est leur boulot de gérer ça. Et peu à peu, la fraude devient évidente: l'entreprise paye depuis trois ans chèrement une employée parfaitement incompétente et personne ne s'en est rendu compte avant (si ce n'est ceux qui la subissait).

S'en suivit une certaine gêne. L'affaire est tout de même délicate, elle fait tâche. On préfère négocier un licenciement à l'amiable. On prétexte une dépression nerveuse. On fait des adieux déchirants et émus devant les employés écœurés qui ont subi si longtemps le joug de cette harpie.

Quelques mois plus tard, ayant profité de ses assedics pour se refaire une santé sous le soleil de Saint Barthélémy, Madame B de T se remet au travail et secoue la chaîne de ses anciens amants. L'un d'eux justement connait quelqu'un qui cherche un profil comme le sien.

_________________________________________________________________________________________


(1) Certains se flattent même de l'avoir moult fois entendue hennir ou remuer sa croupe


(2) jusqu'à sa culotte de cheval que des jambes en forme de poteau arqué terminent lourdement

(3) étonnement

(4) de mon expérience personnelle il me semble que la frange chez la femme de notre époque est synonyme de désir d'ascension sociale très fort doublé d'une bêtise sans fond


(5)
A croire que non, les gens du nord ne sont pas tous super sympa top cool

(6) Il faut bien trouver quelques raisons à son déséquilibre psychique

(7)
certains faits de son dossier scolaire tendent à démontrer que dès le plus jeune âge Madame B. de T. pratiqua la mythomanie, l'art de la manipulation et l'humiliation des plus faibles

(8)
ce n'est que beaucoup plus tard que son futur ex mari comprit à quel point il s'était fourvoyé: un gros cul, de grandes jambes, de gros seins ne se transforment pas forcément en petit cul rond, longues jambes galbées et adorables girons sous prétexte de quelques kilos en moins.

(9) étranges cheminements de la pensée!


(10) même quand personne ne le lui demanderons

(11) ah la police!

(12)
tout en profitant de son statut de cadre qu'elle avait arraché à la force de son corps

(13) Madame B de T sent bien qu'il sera plus difficile de faire illusion dans la capitale

(14)
 Une résidence sans intérêt peuplé de cadres moyens comme elle.

(15)
Pour son incompétence, Madame B de T ayant largement contribué par sa non activité à cet état de fait

(16)  À ce stade, Madame B de T surestime l'incompétence de ses supérieurs

(1
7) Un homme un soir, l'a suivi jusque chez elle, elle a vite appeler la police (son ex mari) et le pire a été évité. On n'a jamais pu vérifier la véracité des faits




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