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Les caractères d'entreprise, de Lala Schwartz
29 juin 2009

Mini Man où l'histoire d'un nabot devenu directeur général adjoint: un conte moderne à la moralité douteuse.

tetedemortIl est toujours étonnant de constater à quel point les petits hommes (1) restent, quelque soit l'époque, étrangement prisonniers d'un curieux complexe d'infériorité qu'ils combattent souvent vertement  au moyen d'un autre complexe, corolaire du premier, le complexe de supériorité.

Mini Man, l'homme haut comme trois pommes était de ce genre de nabot là.

Convaincu de posséder une sorte d'intelligence phénoménale qui lui donnait des pouvoirs quasi paranormaux, ce petit être qu'on eut trouvé peut être charmant en d'autres circonstances (2), se distinguait socialement par son mépris total des autres qu'il justifiait au moyen d'un excès douteux de confiance en soi (3).

Ces qualités humaines, associées à un premier coup de pouce familiale, permirent à notre homme de débuter sa carrière comme consultant quelconque d'une quelconque multinationale. Néanmoins,    l'ambitieux  ne s'arrêta pas en si bon chemin et après d'habiles manœuvres et quelques complots shakespeariens, il réussit à se faire embaucher comme directeur général adjoint dans une entreprise  déjà fortement trustée par les siens .

 

organigramme

Fier de son nouveau titre et de ses responsabilités et grâce à une super formation américaine que son papa lui avait offert quand il était plus jeune (4), Mini Man entreprit dès sa prise de poste, de lancer ses grands travaux à lui, son projet de société : chiffrer tout ce qu'il était possible et inimaginable (5) dans l'entreprise (6).

Dans un premier temps, qu'il appela « audit », il s'employa alors à expliquer à ses nouveaux collaborateurs comment ils devaient  exercer leurs métiers. Qu'il n'ait aucun idée alors de ce en quoi pouvait consister justement leur métier ne le contrariait pas le moins du monde car somme toute ça n'avait pas vraiment d'importance. Non ce qui comptait, et seul Mini Man semblait en avoir une conscience aigüe, c'était  cette connaissance universelle si précieuse , la  fameuse méthodologie (7) qui lui  permettrait de calculer le plus rationnellement possible le rendement de tout un chacun.

C'est ainsi que grâce à des principes relativement simples (8), l'ensemble des salariés vit son quotidien soigneusement quantifié. Les règles et objectifs étant strictement établis, le travail s'organisa de manière précise ne laissant aucune place à l'imagination et surtout pas à la beauté du geste. La masse salariale devint morne et disons le , avec un peu de honte (9), carrément  bovine.

Mais qu'importait à Mini Man ce genre de préoccupation versatile! La productivité semblait au top (10) il pouvait être fier, il avait de bons chiffres à présenter au comité de direction et surtout aux actionnaires.

Il avait somme toute surmonté sa petite taille, il était un homme important (11).


  1. les nains n'ont évidemment rien à voir dans cette histoire.
  2. qui sait?

  3. « je suis le plus intelligent, c'est comme ça, je n'y peux rien, c'est mon fardeau »

  4. On trouvera sûrement l'auteur méchant, mais force est de constater que si miniman avait eu une jeunesse, il n'avait pas franchement grandi depuis ses 12 ans, âge moyen des premières menstruations  chez les jeunes filles françaises, mais décidément pas celui de l'arrêt de la croissance chez les garçons. Cet état de fait eut forcément une grande part dans son sévère complexe d'infériorité..

  5. exceptés bien sûr les bénéfices qui eux devaient pour des raisons comptables et troubles rester suffisamment opaques .

  6. C'est quand même moche une entreprise qui fait des millions et refuse de faire profiter l'état de ses bénéfices en payant la dîme républicaine. Moche aussi que cette entreprise continue de pratiquer le bakchich comme aux derniers temps de l'empire ottaman. Tout aussi moche le fait que ce type de fonctionnement soit  pratiqué par d'autres entreprises bénéficiaires, même quand elles appartiennent en majorité à l'état. Lire à ce sujet les différents articles de presse portant sur les déboires de Total avec la justice depuis ces dix derniers années.

  7. La méthodologie, de qui, de quoi? Nul ne le saura sans doute jamais

  8. Combien on gagne – combien ça nous coûte

  9. même si l'expression est gaullienne

  10. En réalité il était dur de quantifier la valeur ajoutée de miniman puisque l'entreprise avait connu des bénéfices en constante augmentation depuis sa création

  11. et l'on ne peut s'empêcher d'avoir une pensée émue pour monsieur le président Nicolas Sarkosy, Nicolas, tu n'es décidément pas seul!

 

 

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